Maintenant je ne m'en souviens plus au juste. Peut-être, c'était un rêve... peut-être. Mais cette histoire bizarre est née pour quelque raison dans ma mémoire en avion lorsque je survolais quelque ville européenne emplie de lumière. Je vais vous raconter cette histoire-là. La seule chose dont je vous prie est d'éstimer vous-mêmes la place que des rêves et des faits réels occupent à notre vie. Ainsi...
Je suis sorti de la maison où j'avais passé mon enfance. Soudain je l'ai vue par la porte menant vers la cour. Elle était debout dans cette cour-là et me regardait par la même porte. Je l'ai reconnue tout à coup (c'est étrange parce que nous ne nous étions pas vus depuis longtemps, on peut dire, à partir de notre enfance). Il m'a semblé qu'elle m'ait reconnu aussi, parce qu'elle m'a salué en souriant. Je me suis approché d'elle et après une pause assez lourde je lui ai dit bonjour. Elle répondit facilement:
- Salut.
J'hésitais. Par malheur, je ne pus pas me passer d'une question banale:
- Comment vas-tu?
À place de me répondre aussi banalement, elle fit une geste de main vers deux enfants qui jouaient dans la cour couverte de neige.
- Ils sont ma vie, dans un moment répondit-elle, allons, je vais te faire connaissance.
Elle me poussa vers ses enfants qui cessèrent leur jeu vite mais, évidemment, sans aucune envie. Je caressai les cheveux blonds de sa fille, l'aînée, et les joues roses de son fils.
- Toute ma vie, soupira-t-elle.
- Tu dois être très heureuse, fis-je.
J'apperçus soudain que le sourire quitait son visage, puis il y rapparut, mais c'était un autre sourire - plus triste, je même dirais, plus profond.
- Je le suis, c'est vrai, fit-elle.
Je m'approchai du traîneau où ses enfants étaient assis.
- Allons! - dis-je aux enfants en souriant. J'ai pris le fil du traîneau. Nous avons fait un tour dans la cour. Cependant j'essayais de ne pas la regarder. Les enfants riaient pleins de bonheur quand nous nous sommes rapprochés de leur maman.
- Êtes-vous maintenant contents? - s'adressa-t-elle aux enfants.
- Il est déjà temps de déjeuner. Partons vite.
Elle m'a semblé soudain nerveuse. C'était évident qu'elle se pressait. Les enfants ont été déjà prêts à partir quand elle brusquement jeta un coup d'oeil sur moi. Mon dieu! Son regard m'a paralysé tout à coup. J'ai vu qu'une larme étincelait sur sa joue pâle.
- Adieu. - c'était une voix d'ange, la plus tendre et la plus
calme, telle que je n'avais jamais entendue auparavant.
- Mais... - je compenais qu'il était inutile de prononcer quelque chose, puis je n'ai pas su vraiement ce que j'allais dire.
- Non! S'il te plaît, non! - elle a étendu ses bras vers moi, j'ai fait un pas à sa rencontre. Une pause courte et nous nous sommes embrassés. La chaleur de tendresse m'a inondé jusqu'au bout d'ongles. Elle me poussa legèrement et nous nous sommes séparés.
- Allons! Depêchez-vous, ordonna-t-elle sevèrement aux enfants.
Je les regardais lorsqu'ils s'éloignaient vite jusqu'au moment quand ils ont disparu derrière la porte de la cour. Elle n'a pas tourné une fois sa tête vers moi. Je restais debout au milieu de la cour ma tête baissée, sans aucune pensée et mon âme toute vide.