Шкондини-Дуюновский Аристах Владиленович : другие произведения.

Mémoire d’auschwitz

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  Une analyse de l’ASBL Mémoire d’Auschwitz, reconnue comme organisme d’Éducation permanente
  1
  Mémoire d’Auschwitz ASBL
  Rue aux Laines, 17 boîte 50 à 1000 Bruxelles
  Tél. : +32 (0)2 512 79 98
  www.auschwitz.be • info@auschwitz.be
  En Ukraine, la Shoah a commencé dès les premiers jours de l’opération Barbarossa et le
  déferlement des forces de l’Axe en Union soviétique durant l’été 1941. Des premiers massacres
  de masse, la mémoire collective a principalement retenu celui de Babi Yar, dans la banlieue de
  Kiev, où 33 771 Juifs sont exécutés en deux jours à la fin du mois de septembre 1941. Mais la
  Shoah par balles n’a pas commencé dans la capitale ukrainienne. Des assassinats massifs et
  coordonnés ont déjà été perpétrés sur l’ensemble du front de l’Est, des pays baltes au sud de
  l’Ukraine.
  En Galicie orientale (ouest de l’Ukraine actuelle), où vivent approximativement 600 000 Juifs en
  juin 1941, des pogroms éclatent dès les derniers jours de juin 1941. À Lviv1, ils sont presque
  immédiatement suivis de rafles et d’assassinats commis par l'Einsatzgruppe C, attaché au Groupe
  d'Armée Sud, sous le commandement du SS-Brigadeführer Otto Rasch. Près de 4 000 Juifs
  perdent la vie durant ces premiers jours de l’été 1941. Ce ne sera que le début d’un long calvaire,
  sous l’action conjointe des nazis et de miliciens ukrainiens.
  Lviv ne sera pas la seule ville martyre de Galicie, loin de là. Nous nous arrêterons ici sur des
  massacres qui se sont déroulés à une centaine de kilomètres au sud-est de celle-ci, à Ivano-
  Frankivsk2, le deuxième centre urbain de cette région aux confins des influences allemandes,
  austro-hongroises, polonaises et russes/soviétiques.
  L’histoire de la ville est caractéristique du carrefour de cultures et d’influences que fut et qu’est
  toujours la Galicie. Elle rappelle malheureusement aussi combien la construction d’une mémoire
  commune en Ukraine reste aujourd’hui un défi considérable. En 1914, la Galicie orientale
  (région qui comprend les villes d’Ivano-Frankivsk, de Lviv et de Ternopil de l’Ukraine actuelle)
  était austro-hongroise3. Pendant l’entre-deux-guerres, elle est intégrée à la Pologne ressuscitée
  après la Première Guerre mondiale. Après le pacte germano-soviétique (1939), elle est annexée
  par l’Union soviétique et rattachée à la République socialiste soviétique d'Ukraine.
  1 Lwów en polonais, Lemberg en allemand, Lvov en russe. Par souci de clarté, nous utiliserons ici le nom
  actuel des villes ukrainiennes.
  2 La ville s’appela successivement Stanisławów (polonaise jusqu'en 1772), Stanislau (autrichienne et
  austro-hongroise de 1772 à 1918), Stanisławów (polonaise de 1918 à 1939) et Stanislav (soviétique de
  1939 à 1941, et après le départ des Allemands en 1944). Elle est rebaptisée Ivano-Frankivsk en 1962 en
  l’honneur de l'écrivain et militant politique ukrainien Ivan Franko (1856-1916), à l'occasion du 300e
  anniversaire de la ville.
  3 Ajoutons que la région fut le principal berceau du nationalisme ukrainien. Cela est notamment dû au fait
  qu’au 19e siècle, les porteurs de ce nationalisme y ont bénéficié d’une plus grande liberté d’expression que
  dans les territoires ukrainiens soumis à l’Empire russe.
  Les débuts de la Shoah en Galicie orientale (Ukraine) : le
  cas d’Ivano-Frankivsk
  Yannik van Praag
  Mémoire d’Auschwitz ASBL
  Août 2022
  ____________________________________________________________________________________________________________
  Une analyse de l’ASBL Mémoire d’Auschwitz, reconnue comme organisme d’Éducation permanente
  2
  Le 1er août 1941, un peu plus d’un mois après l’invasion de l’Union soviétique par les troupes de
  l’Axe, elle est annexée au Gouvernement général sous le nom de « Distrikt Galizien ». Karl Lasch
  y est nommé gouverneur de district et Friedrich Katzmann en devient le responsable de la SS et
  de la police.
  La région est non seulement en proie à des confrontations militaires, mais également à des
  violences nationalistes, politiques et racistes. Elle sortira particulièrement meurtrie de la guerre,
  des occupations successives et de la fureur antisémite.
  Lors du déclenchement de Barbarossa, le sud de la Galicie est, dans un premier temps, occupé
  par l’armée hongroise. Une particularité de cette présence éphémère (un peu moins d’un mois)
  est que, contrairement au reste de l’ouest ukrainien, la population juive y est globalement
  épargnée. En effet, les Hongrois cherchent à étouffer dans l’œuf les persécutions antijuives qui
  éclatent à Ivano-Frankivsk, mais aussi à Kolomyia, Kossiv, Obertyn ou Bolekhiv, au début du
  mois de juillet4. L’attitude des troupes hongroises n’est pas tant l’expression d’une sympathie
  envers les populations juives que la crainte de devoir gérer des accès de violence qui pourraient
  se retourner contre elles. En effet, les Hongrois craignent le ressentiment des Ukrainiens à leur
  encontre, d’autant plus depuis l’annexion de la Ruthénie subcarpatique par la Hongrie en mars
  1939, dans le cadre du démembrement de la Tchécoslovaquie à la suite des accords de Munich.
  Qui plus est, la Hongrie entame alors l’expulsion des Juifs ne disposant pas de la nationalité
  hongroise vers ces territoires nouvellement conquis.
  Sous le régime antisémite de Miklós Horthy, les Juifs qui possèdent la citoyenneté hongroise sont
  soumis à diverses restrictions et persécutions, mais échappent jusqu’en 1944 à la déportation
  vers les territoires du Reich. Il n’en sera pas de même pour ceux qui ont fui l’Allemagne,
  l’Autriche, la Pologne ou la Tchécoslovaquie, ou pour ceux de Ruthénie, dont il vient d’être
  question.
  Dès le déclenchement de Barbarossa, le bureau national de contrôle des étrangers hongrois
  propose un plan d’expulsion des « indésirables ». Après des négociations avec les Allemands,
  Horthy soumet le 12 juillet 1941 le décret d’expulsion des Juifs « de nationalité douteuse ». Tout
  Juif ne pouvant attester sa nationalité hongroise, qu’il soit de Budapest, des Carpates ou de
  Ruthénie, sera remis aux autorités allemandes en Galicie.
  Entre le 14 juillet et le 17 août 1941, entre 15 000 et 20 000 Juifs sont déportés vers les
  territoires nouvellement occupés, principalement à Kamianets-Podilskyï et Ivano-Frankivsk.
  Le 26 juillet 1941, les Hongrois cèdent la place aux Allemands qui, avec l'aide de nationalistes
  ukrainiens, commencent à préparer le massacre des intelligentsias juive et polonaise, sous la
  direction du SS-Hauptsturmführer Hans Krüger, qui avait déjà participé aux massacres de Lviv.
  4 Encyclopedia of Jewish Communities in Poland, Volume II (Eastern Galicia), Yad Vashem, Jerusalem, 1980.
  Pour Ivano-Frankivsk : p. 359-376.
  https://www.jewishgen.org/yizkor/pinkas_poland/pol2_00368.html#part4, consulté le 2 juin 2022.
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  Une analyse de l’ASBL Mémoire d’Auschwitz, reconnue comme organisme d’Éducation permanente
  3
  Près de 40 000 Juifs vivent à Ivano-Frankivsk lorsque la ville passe aux mains des Allemands. Ce
  nombre comprend ceux qui ont fui l’ouest de la Pologne après septembre 1939, les exilés des
  Carpates et des habitants des villages voisins qui se sont réfugiés à Ivano-Frankivsk en raison
  des persécutions des populations ukrainiennes qui se sont déclenchées après le départ des
  Soviétiques. Ils sont entassés dans des quartiers où les conditions de vie sont épouvantables et
  empirent de jour en jour.
  Les restrictions et obligations auxquelles les Juifs sont soumis dans le Gouvernement général
  deviennent rapidement effectives dans le District de Galicie : création de conseils juifs, de polices
  juives, mise au travail forcé, obligation de porter un brassard marqué d'une étoile bleue de
  David, etc.
  Début août 1941, Hans Krüger fait arrêter plus de 500 personnes, membres de l’intelligentsia –
  surtout juive, mais aussi polonaise – de la ville. Avocats, ingénieurs, médecins, pharmaciens,
  enseignants, fonctionnaires, rabbins... Elles sont rassemblées, enfermées, battues et finalement
  emmenées par camions à l’extérieur de la ville, dans la forêt de Czarny5 où elles sont assassinées.
  Il ne faudra pas attendre longtemps pour monter de plusieurs crans dans l’horreur. Début
  octobre, la ville va être le théâtre d’un des plus importants massacres de civils commis durant
  cette période dans la région. Des faits restés dans les mémoires comme « le dimanche sanglant »,
  organisé par Hans Krüger et ses hommes, avec le soutien du 133e bataillon de réserve de la
  police et de miliciens ukrainiens. Les habitations juives sont systématiquement vidées et leurs
  habitants rassemblés et emmenés vers le cimetière juif de la ville où plusieurs fosses ont été
  creusées. Ils sont contraints de remettre leurs objets de valeur, de se déshabiller, avant d’être
  mis à mort par des pelotons d'exécution, composés de dix à quinze tireurs munis de fusils et de
  pistolets. Lorsque la fusillade s'interrompt au crépuscule, entre 10 000 et 12 000 hommes,
  femmes et enfants ont été assassinés6.
  En décembre 1941, les Allemands créent un ghetto où les Juifs de la ville encore en vie
  (approximativement 25 000) sont forcés d’emménager. Il est clôturé par une enceinte en bois le
  séparant du reste de la ville et n’est accessible que par trois portes, chacune gardée par la
  Schutzpolizei allemande et des miliciens ukrainiens. Les Juifs ne sont autorisés à quitter le ghetto
  que pour effectuer des travaux forcés dans des ateliers et usines en ville ou dans des fermes aux
  alentours. Les conditions de vie sont catastrophiques et ne cesseront d’empirer. La faim et les
  maladies sont endémiques.
  Fin mars 1942, les Allemands et leurs auxiliaires ukrainiens encerclent le ghetto et s’engagent
  dans une rafle brutale et à grande échelle. De nombreuses habitations sont vidées et des foules
  terrorisées conduites jusqu'à la gare où des wagons sont prêts à partir vers le centre de mise à
  mort de Bełżec. Près de la moitié des habitants du ghetto y sont envoyés pour être assassinés,
  essentiellement ceux considérés comme inaptes au travail. Ceux qui restent dans le ghetto
  continuent d’endurer la peur, les privations et les maladies. Le 12 septembre 1942, de nouvelles
  rafles et déportations ont lieu : de 3 000 à 4 000 Juifs sont à nouveau envoyés à Bełżec. La
  liquidation finale du ghetto a lieu les 22 et 23 février 1943.
  5 À proximité de l’actuelle localité de Pavlivka.
  6 Yitzhak Arad, The Holocaust in the Soviet Union, University of Nebraska Press and Yad Vashem, Lincoln
  and Jerusalem, 2009, p. 224-225.
  
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  Une analyse de l’ASBL Mémoire d’Auschwitz, reconnue comme organisme d’Éducation permanente
  1
  Mémoire d’Auschwitz ASBL
  Rue aux Laines, 17 boîte 50 à 1000 Bruxelles
  Tél. : +32 (0)2 512 79 98
  www.auschwitz.be • info@auschwitz.be
  En Ukraine, la Shoah a commencé dès les premiers jours de l’opération Barbarossa et le
  déferlement des forces de l’Axe en Union soviétique durant l’été 1941. Des premiers massacres
  de masse, la mémoire collective a principalement retenu celui de Babi Yar, dans la banlieue de
  Kiev, où 33 771 Juifs sont exécutés en deux jours à la fin du mois de septembre 1941. Mais la
  Shoah par balles n’a pas commencé dans la capitale ukrainienne. Des assassinats massifs et
  coordonnés ont déjà été perpétrés sur l’ensemble du front de l’Est, des pays baltes au sud de
  l’Ukraine.
  En Galicie orientale (ouest de l’Ukraine actuelle), où vivent approximativement 600 000 Juifs en
  juin 1941, des pogroms éclatent dès les derniers jours de juin 1941. À Lviv1, ils sont presque
  immédiatement suivis de rafles et d’assassinats commis par l'Einsatzgruppe C, attaché au Groupe
  d'Armée Sud, sous le commandement du SS-Brigadeführer Otto Rasch. Près de 4 000 Juifs
  perdent la vie durant ces premiers jours de l’été 1941. Ce ne sera que le début d’un long calvaire,
  sous l’action conjointe des nazis et de miliciens ukrainiens.
  Lviv ne sera pas la seule ville martyre de Galicie, loin de là. Nous nous arrêterons ici sur des
  massacres qui se sont déroulés à une centaine de kilomètres au sud-est de celle-ci, à Ivano-
  Frankivsk2, le deuxième centre urbain de cette région aux confins des influences allemandes,
  austro-hongroises, polonaises et russes/soviétiques.
  L’histoire de la ville est caractéristique du carrefour de cultures et d’influences que fut et qu’est
  toujours la Galicie. Elle rappelle malheureusement aussi combien la construction d’une mémoire
  commune en Ukraine reste aujourd’hui un défi considérable. En 1914, la Galicie orientale
  (région qui comprend les villes d’Ivano-Frankivsk, de Lviv et de Ternopil de l’Ukraine actuelle)
  était austro-hongroise3. Pendant l’entre-deux-guerres, elle est intégrée à la Pologne ressuscitée
  après la Première Guerre mondiale. Après le pacte germano-soviétique (1939), elle est annexée
  par l’Union soviétique et rattachée à la République socialiste soviétique d'Ukraine.
  1 Lwów en polonais, Lemberg en allemand, Lvov en russe. Par souci de clarté, nous utiliserons ici le nom
  actuel des villes ukrainiennes.
  2 La ville s’appela successivement Stanisławów (polonaise jusqu'en 1772), Stanislau (autrichienne et
  austro-hongroise de 1772 à 1918), Stanisławów (polonaise de 1918 à 1939) et Stanislav (soviétique de
  1939 à 1941, et après le départ des Allemands en 1944). Elle est rebaptisée Ivano-Frankivsk en 1962 en
  l’honneur de l'écrivain et militant politique ukrainien Ivan Franko (1856-1916), à l'occasion du 300e
  anniversaire de la ville.
  3 Ajoutons que la région fut le principal berceau du nationalisme ukrainien. Cela est notamment dû au fait
  qu’au 19e siècle, les porteurs de ce nationalisme y ont bénéficié d’une plus grande liberté d’expression que
  dans les territoires ukrainiens soumis à l’Empire russe.
  Les débuts de la Shoah en Galicie orientale (Ukraine) : le
  cas d’Ivano-Frankivsk
  Yannik van Praag
  Mémoire d’Auschwitz ASBL
  Août 2022
  ____________________________________________________________________________________________________________
  Une analyse de l’ASBL Mémoire d’Auschwitz, reconnue comme organisme d’Éducation permanente
  2
  Le 1er août 1941, un peu plus d’un mois après l’invasion de l’Union soviétique par les troupes de
  l’Axe, elle est annexée au Gouvernement général sous le nom de « Distrikt Galizien ». Karl Lasch
  y est nommé gouverneur de district et Friedrich Katzmann en devient le responsable de la SS et
  de la police.
  La région est non seulement en proie à des confrontations militaires, mais également à des
  violences nationalistes, politiques et racistes. Elle sortira particulièrement meurtrie de la guerre,
  des occupations successives et de la fureur antisémite.
  Lors du déclenchement de Barbarossa, le sud de la Galicie est, dans un premier temps, occupé
  par l’armée hongroise. Une particularité de cette présence éphémère (un peu moins d’un mois)
  est que, contrairement au reste de l’ouest ukrainien, la population juive y est globalement
  épargnée. En effet, les Hongrois cherchent à étouffer dans l’œuf les persécutions antijuives qui
  éclatent à Ivano-Frankivsk, mais aussi à Kolomyia, Kossiv, Obertyn ou Bolekhiv, au début du
  mois de juillet4. L’attitude des troupes hongroises n’est pas tant l’expression d’une sympathie
  envers les populations juives que la crainte de devoir gérer des accès de violence qui pourraient
  se retourner contre elles. En effet, les Hongrois craignent le ressentiment des Ukrainiens à leur
  encontre, d’autant plus depuis l’annexion de la Ruthénie subcarpatique par la Hongrie en mars
  1939, dans le cadre du démembrement de la Tchécoslovaquie à la suite des accords de Munich.
  Qui plus est, la Hongrie entame alors l’expulsion des Juifs ne disposant pas de la nationalité
  hongroise vers ces territoires nouvellement conquis.
  Sous le régime antisémite de Miklós Horthy, les Juifs qui possèdent la citoyenneté hongroise sont
  soumis à diverses restrictions et persécutions, mais échappent jusqu’en 1944 à la déportation
  vers les territoires du Reich. Il n’en sera pas de même pour ceux qui ont fui l’Allemagne,
  l’Autriche, la Pologne ou la Tchécoslovaquie, ou pour ceux de Ruthénie, dont il vient d’être
  question.
  Dès le déclenchement de Barbarossa, le bureau national de contrôle des étrangers hongrois
  propose un plan d’expulsion des « indésirables ». Après des négociations avec les Allemands,
  Horthy soumet le 12 juillet 1941 le décret d’expulsion des Juifs « de nationalité douteuse ». Tout
  Juif ne pouvant attester sa nationalité hongroise, qu’il soit de Budapest, des Carpates ou de
  Ruthénie, sera remis aux autorités allemandes en Galicie.
  Entre le 14 juillet et le 17 août 1941, entre 15 000 et 20 000 Juifs sont déportés vers les
  territoires nouvellement occupés, principalement à Kamianets-Podilskyï et Ivano-Frankivsk.
  Le 26 juillet 1941, les Hongrois cèdent la place aux Allemands qui, avec l'aide de nationalistes
  ukrainiens, commencent à préparer le massacre des intelligentsias juive et polonaise, sous la
  direction du SS-Hauptsturmführer Hans Krüger, qui avait déjà participé aux massacres de Lviv.
  4 Encyclopedia of Jewish Communities in Poland, Volume II (Eastern Galicia), Yad Vashem, Jerusalem, 1980.
  Pour Ivano-Frankivsk : p. 359-376.
  https://www.jewishgen.org/yizkor/pinkas_poland/pol2_00368.html#part4, consulté le 2 juin 2022.
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  Une analyse de l’ASBL Mémoire d’Auschwitz, reconnue comme organisme d’Éducation permanente
  3
  Près de 40 000 Juifs vivent à Ivano-Frankivsk lorsque la ville passe aux mains des Allemands. Ce
  nombre comprend ceux qui ont fui l’ouest de la Pologne après septembre 1939, les exilés des
  Carpates et des habitants des villages voisins qui se sont réfugiés à Ivano-Frankivsk en raison
  des persécutions des populations ukrainiennes qui se sont déclenchées après le départ des
  Soviétiques. Ils sont entassés dans des quartiers où les conditions de vie sont épouvantables et
  empirent de jour en jour.
  Les restrictions et obligations auxquelles les Juifs sont soumis dans le Gouvernement général
  deviennent rapidement effectives dans le District de Galicie : création de conseils juifs, de polices
  juives, mise au travail forcé, obligation de porter un brassard marqué d'une étoile bleue de
  David, etc.
  Début août 1941, Hans Krüger fait arrêter plus de 500 personnes, membres de l’intelligentsia –
  surtout juive, mais aussi polonaise – de la ville. Avocats, ingénieurs, médecins, pharmaciens,
  enseignants, fonctionnaires, rabbins... Elles sont rassemblées, enfermées, battues et finalement
  emmenées par camions à l’extérieur de la ville, dans la forêt de Czarny5 où elles sont assassinées.
  Il ne faudra pas attendre longtemps pour monter de plusieurs crans dans l’horreur. Début
  octobre, la ville va être le théâtre d’un des plus importants massacres de civils commis durant
  cette période dans la région. Des faits restés dans les mémoires comme « le dimanche sanglant »,
  organisé par Hans Krüger et ses hommes, avec le soutien du 133e bataillon de réserve de la
  police et de miliciens ukrainiens. Les habitations juives sont systématiquement vidées et leurs
  habitants rassemblés et emmenés vers le cimetière juif de la ville où plusieurs fosses ont été
  creusées. Ils sont contraints de remettre leurs objets de valeur, de se déshabiller, avant d’être
  mis à mort par des pelotons d'exécution, composés de dix à quinze tireurs munis de fusils et de
  pistolets. Lorsque la fusillade s'interrompt au crépuscule, entre 10 000 et 12 000 hommes,
  femmes et enfants ont été assassinés6.
  En décembre 1941, les Allemands créent un ghetto où les Juifs de la ville encore en vie
  (approximativement 25 000) sont forcés d’emménager. Il est clôturé par une enceinte en bois le
  séparant du reste de la ville et n’est accessible que par trois portes, chacune gardée par la
  Schutzpolizei allemande et des miliciens ukrainiens. Les Juifs ne sont autorisés à quitter le ghetto
  que pour effectuer des travaux forcés dans des ateliers et usines en ville ou dans des fermes aux
  alentours. Les conditions de vie sont catastrophiques et ne cesseront d’empirer. La faim et les
  maladies sont endémiques.
  Fin mars 1942, les Allemands et leurs auxiliaires ukrainiens encerclent le ghetto et s’engagent
  dans une rafle brutale et à grande échelle. De nombreuses habitations sont vidées et des foules
  terrorisées conduites jusqu'à la gare où des wagons sont prêts à partir vers le centre de mise à
  mort de Bełżec. Près de la moitié des habitants du ghetto y sont envoyés pour être assassinés,
  essentiellement ceux considérés comme inaptes au travail. Ceux qui restent dans le ghetto
  continuent d’endurer la peur, les privations et les maladies. Le 12 septembre 1942, de nouvelles
  rafles et déportations ont lieu : de 3 000 à 4 000 Juifs sont à nouveau envoyés à Bełżec. La
  liquidation finale du ghetto a lieu les 22 et 23 février 1943.
  5 À proximité de l’actuelle localité de Pavlivka.
  6 Yitzhak Arad, The Holocaust in the Soviet Union, University of Nebraska Press and Yad Vashem, Lincoln
  and Jerusalem, 2009, p. 224-225.
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